Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 janvier 2017 1 16 /01 /janvier /2017 09:11

Depuis plus de 40 ans, les politiques économiques n’ont eu de cesse que de retrouver la croissance, obsession de tous les gouvernements qui se sont succédé, or la croissance crée de moins en moins d’emplois et c’est du chômage et de la précarité dont souffrent nos sociétés. Le mirage de la croissance masque la question essentielle, quelle société souhaitons nous pour demain ?

 

Deux types de société sont en gestation depuis la crise.

La première est une société techniquement avancée créatrice de produits nouveaux et de services nouveaux ; c’est le monde de l’intelligence appliquée à tous les domaines. Ce type de société qui nécessite des personnels bien formés ne pourra employer qu’une partie de la population (5% selon Rifkin) ce d’autant que la fabrication des outils se fera toujours dans des pays où le coût de la main d’œuvre est faible. Cette société capable de développer d’importantes ressources financières abonderait l’état et réduirait sa dette au prix d’un chômage toujours croissant pouvant être source de déstabilisation de la société.

La seconde est une société plus conviviale basée sur l’économie locale, le circuit court, l’autosuffisance alimentaire. C’est l’économie du bio, des nouvelles énergies, du développement durable. C’est l’économie modeste par ses ressources qui impose à l’état de réduire son train de vie mais qui permet aux humains de vivre dans une société plus stable.

Ces deux sociétés peuvent coexister sur le même territoire si on admet l’existence de deux classes inégales, une gérant la création (l’économie financière) l’autre gérant le quotidien (l’économie modeste).

 

Dès lors on peut proposer :

 

Pour les tenants de la première hypothèse :

Une refonte de l’école

Actuellement le dogme de la scolarisation consiste à faire de l’éducation de masse sans sélection. Pour cela il est nécessaire de baisser le niveau afin qu’un nombre de plus en plus important d’élèves puisse progresser dans le cursus scolaire. Cette politique est source d’une double peine, une diminution du niveau comme en attestent les classements internationaux et une mauvaise formation des élèves car on admet que 130 000 à 150 000 élèves sortent de l’école chaque année sans maitriser les bases. Refonder l’école nécessitera donc d’admettre que tous ne peuvent pas apprendre la même chose au même rythme, admettre donc l’existence d’inégalités tenant au-delà des différences sociales à des différences anatomiques, hormonales, génétiques ou autre.

Une refonte de la fiscalité des entreprises

Les gains de productivité doivent permettre de dégager des fonds pour l’investissement. L’outil entrepreneurial est aujourd’hui obsolète. Pour s’en convaincre il suffit de voir que nos grandes entreprises sont dans la continuité des entreprises de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle alors que dans les pays en pointe ce sont de grandes entreprises de services adossées aux technologies les plus modernes qui sont en pointe (Google, IBM, etc.). La problématique est que pour changer de pied il va falloir miser sur de nouveaux entrepreneurs qui souvent manquent de moyens alors que les entreprises anciennes dégagent des bénéfices qu’elles ne savent pas où investir car elles n’ont ni la culture du risque ni celle des nouvelles technologies. Il conviendrait donc de défiscaliser une partie des investissements qu’elles réaliseraient dans de nouvelles sociétés (sponsoring, mécénat etc.) seules ou en association avec les banques.

Ne peut-on imaginer une réorientation de l’épargne vers des systèmes qui apportent des bénéfices c’est à dire un bienfait à la société ? En France aujourd’hui, l’Assurance-vie est l’un des placements préférés des Français. 60% des ménages l’ont choisie pour mettre de l’argent de côté. Elle bénéficie d’un régime fiscal intéressant, et d’avantages significatifs pour la transmission du patrimoine. Mais profite-t-elle au dynamisme économique ? Ne peut-on l’orienter massivement, vers les investissements nécessaires aux transformations sociétales.
 

 

Pour les tenants de la deuxième hypothèse :

Une modification du temps de travail

La manière désastreuse dont la réforme des 35 heures a été menée a condamné la réduction du temps de travail à être un sujet tabou. Pourtant, en Europe, si l’on prétend travailler en moyenne et suivant les pays entre 39h et 42h par semaine, la réalité est toute autre. En effet, ces chiffres considèrent la durée moyenne travaillée par les Européens employés à plein temps, hors chômage et hors contrats à temps partiels. Mais les chômeurs, et les précaires sont de plus en plus nombreux… Si on intègre ces éléments dans la moyenne, elle chute alors autour de 30 ou 32 heures, du fait des gains énormes de productivité décrits plus haut.

La question du temps de travail est donc réellement posée, dans les faits. Souhaitons-nous répartir le travail disponible entre les actifs par le débat et la négociation, la recherche d’un nouvel équilibre et d’un nouveau modèle social ? Ou souhaitons-nous laisser la réduction s’opérer par la régulation du marché qui débouche mécaniquement sur la précarisation croissante d’une partie de nos concitoyens ? Politique de civilisation, ou glissement vers la barbarie ?…

 

L’instauration d’un revenu de base

Qu’est-ce que le “revenu de base”, que d’autres appellent également le “revenu d’existence” ? C’est un revenu “inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement.” Dès qu’une personne avance cette idée, c’est souvent un déluge de préjugés qui s’abattent sur elle : “ce n’est que par le travail que l’on mérite un revenu”, “nous ne voulons pas d’une société d’assistés”, “nous ne vivons pas dans un monde de bisounours”, “c’est impossible à financer”, etc.…C’est la participation revisitée.

Pourtant, cette idée (très ancienne) mérite d’être étudiée. Son instauration pourrait permettre de supprimer la précarité, de réduire les inégalités, de réguler le marché du travail, et de responsabiliser chaque citoyen. Bref, il permettrait d’évoluer vers une société plus émancipatrice que celle d’aujourd’hui.

Elle est soutenue par des familles politiques de gauche (EELV, une partie du PS) comme de droite (Villepin, Boutin, des personnalités de l’UDI…), par les entrepreneurs du CJD (Centre des Jeunes Dirigeants), par de nombreux philosophes et sociologues. De nombreux modèles économiques montrent la faisabilité de son financement.

Une initiative citoyenne européenne est en cours pour demander à la Commission Européenne et au Parlement d’ouvrir un débat officiel sur ce sujet et d’en étudier les mécanismes possibles.

 

 

A terme nous devrons plus réinventer que réformer

Pour y parvenir, nous ne pourrons faire l’économie de repenser ce que nous croyons être des fondamentaux, mais qui, pour beaucoup sont devenus, qu’on le veuille ou non, des postulats d’un monde ancien. Nous ne pourrons éviter de réinventer l’économie, sans tabou, et l’esprit ouvert. Mais l’économie n’est pas une fin, mais seulement le moyen de bâtir le modèle de société dans lequel nous voulons vivre.

Partager cet article
Repost0

commentaires